Et si chaque chicane était une occasion d’apprendre à communiquer?

Et si chaque chicane était une occasion d’apprendre à communiquer?

Vous est-il déjà arrivé de vous dire : « Là, je suis plus capable des chicanes! » après une journée passée à intervenir d’une chicane à l’autre?

Un jouet arraché des mains par un ami, un frère qui bloque le passage à sa sœur, deux enfants qui veulent le même pion lors d’un jeu de société… Vous tentez d’intervenir, mais ça finit sans cesse en pleurs, en cris et, parfois, en une chicane interminable où aucune solution ne semble possible pour arriver à un accord commun…

Ces situations peuvent être épuisantes pour nous en tant qu’adulte, mais elles pèsent également lourd sur les enfants, qui vivent eux aussi de la frustration à travers ces conflits. Même si ces nombreuses chicanes peuvent tester notre patience, il est important de se rappeler que les enfants n'ont tout simplement pas encore développé toutes les habiletés nécessaires pour s’exprimer, s’affirmer et résoudre les conflits autrement.

 

Pourquoi c’est si difficile pour l’enfant?

Exprimer ses besoins et ses émotions n’est pas inné : c’est un apprentissage.
Certains enfants n’ont pas encore le vocabulaire, d’autres ne savent pas reconnaître et exprimer ce qu’ils ressentent, et plusieurs n’osent tout simplement pas dire ce dont ils ont besoin. De plus, comme l’autocontrôle est encore en développement chez les enfants, il leur est beaucoup plus difficile de retenir leurs réactions spontanées. Résultat? Ils utilisent ce qu’ils ont sous la main : des gestes, des cris et des larmes.

 

Les impacts concrets dans la vie de tous les jours

Les défis au plan des interactions sociales ainsi que des habiletés de régulation émotionnelle peuvent entraîner des conséquences significatives, tant pour les enfants que pour leur entourage.

Dans la fratrie
Les conflits se répètent, les tensions s’installent, et les moments de complicité deviennent rares. Les membres de la fratrie peuvent finir par éviter le jeu commun, ou développer du ressentiment. À long terme, cela fragilise le lien fraternel, pourtant si précieux.

À la garderie ou à l’école
L’enfant qui n’arrive pas à exprimer ses besoins a davantage de difficulté à se faire des amis. Il peut se retirer du groupe ou, au contraire, multiplier les comportements explosifs pour se faire entendre. Un enfant qui n’a pas développé d’habiletés sociales adéquates risque davantage l’isolement, le rejet ou même l'intimidation. Cela peut affecter son estime de soi et son sentiment de compétence.

Dans la relation avec l’adulte
Pour l’adulte, le quotidien peut devenir lourd. Les répétitions de conflits créent de la fatigue émotionnelle, parfois de l’impatience ou même un sentiment de découragement. On peut finir par douter de ses compétences, se sentir coupable, ou simplement épuisé d’avoir toujours à « jouer à l’arbitre ».

De plus, lorsque l’adulte est constamment en mode gestion de crise, il a moins d’espace pour vivre des moments doux et positifs avec les enfants. Cela peut avoir un impact sur la qualité du lien affectif.

Pour l’enfant lui-même
Au-delà des disputes, l’enfant qui n’apprend pas à exprimer ses émotions et ses besoins, à communiquer adéquatement, à résoudre les conflits ou à adopter de saines habiletés sociales pourrait développer de l’anxiété, un sentiment d’injustice ou une impression de ne pas être compris. Il peut alors s’intérioriser de plus en plus, ou au contraire multiplier les comportements dérangeants. Dans les deux cas, cela freine son développement social et affectif.

 

Comment accompagner l’enfant?

La bonne nouvelle, c’est que ça s’apprend! L’enfant peut développer sa capacité à exprimer ses besoins et à résoudre des conflits autrement que par les cris et les chicanes.

Quelques pistes simples :

Accueillir l’émotion : Nommez ce que vous observez.

« Je vois que tu es fâché parce que tu voulais ce jouet, mais que Tom l’a pris en premier. »

Proposer des phrases modèles afin de l’aider à exprimer son émotion et son besoin : Donnez des mots concrets pour développer ses habiletés de communication et d’affirmation.

« Je vois que tu n’as pas aimé que Romy t’interrompe quand tu parlais. Au lieu de crier près de son visage, tu pourrais peut-être lui dire : Romy, quand tu m’interromps, je me sens fâché parce que je n’arrive pas à terminer mon idée. J’aimerais que tu m’écoutes sans m’interrompre, s’il te plaît. »

Proposer des phrases modèles de solutions possibles : Au début, donnez des propositions concrètes puis, réduisez graduellement ce soutien en les invitant à trouver par eux-même des solutions possibles.

« Tu pourrais peut-être dire à ton frère : Est-ce que je pourrais jouer avec ce ballon quand tu auras terminé s’il-te-plaît? »

Pratiquer dans des moments calmes : Jouez à exprimer ses besoins et à chercher des solutions ensemble à travers des mises en situations ou des mises en scène avec des toutous, par exemple.

Utiliser des outils visuels : Des supports ludiques tels que Le message « Je » ou Ma roue de résolution de conflits peuvent aider les enfants à s’exprimer avec des mots, à se calmer et à trouver une solution constructive.

 

Et pour vous, l’adulte?

Rappelez-vous : chaque fois que vous aidez un enfant à s’exprimer autrement que par les cris ou les gestes, vous lui offrez bien plus qu’une solution immédiate. Vous lui donnez des bases solides pour développer des relations harmonieuses!

Accompagner un enfant dans cet apprentissage demande du temps, de la patience… et beaucoup d’amour. Mais vous n’êtes pas seuls : des outils et des stratégies existent pour alléger le quotidien et soutenir les enfants dans cet apprentissage!

 

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